Serge Venturini, poète singulier, poète passionné

Comment qualifier le dernier ouvrage de Serge Venturini? 

Recueil, bloc- notes  ? Il a consigné, jeté sur la page blanche, textes, pensées,  réflexions, souvenirs, comme autant de cris. Car Serge Venturini n'est pas vraiment un écrivain "friendly": "un poète ne doit s'allonger que pour se mettre dans la position du tireur d'élite" écrit-il. 

Et pour tirer, il tire, sur tous les parvenus de la littérature, sur tous ceux qui ne savent pas voir, sur la médiocrité, sur la suffisance... avec, envers de sa rage libertaire, l'immense douceur de ses sentiments pour sa terre d'origine et sa terre d'adoption. Corse et Arménie méritent ses plus beaux textes, surtout Arménie d'ailleurs, un amour d'homme fait, peut- être plus solide, plus délibéré que celui d'une enfance par nature fugace. 

Entre " la neige sur Stella, Tenda tout blanc, au-dessus des nuages, du bleu - rien que du bleu"... et "Oui, j'ai une montagne dans le cœur, l'Ararat au cœur" il y a toute la difference qui existe entre le souvenir doux d'une image du passé et la force du choix volontaire d'une vie d'homme, engagé, passionné. 

Oui, Serge Venturini est un poète singulier mais authentique, sa poésie n'est pas formelle, prisonnière de la rime, elle est dans l'essence du texte:

"Si la poésie n'est pas dans les mots, mais dans le regard, elle résonne dans l'immense silence qui bat entre les mots. C'est cette qualité de silence qui palpite dans l'oreille musicale de celui qui lit in petto et l'entend dans un autre silence. Sa force prodigieuse vient des ruptures de cadence...."

Une littérature  exigeante, mais une expression sincère, souvent douloureuse, parfois attendrissante: " J'entends la pleine voix d'une femme, portant le chant sous les châtaigniers, chant de cigale qui ne désarme pas, et pourtant depuis longtemps elle n'est plus. Cette voix me vrille le cœur "  C'était pour Antoinette Giuliani, sa grand-mère...