mercredi 21 juin 2017

Aujourd'hui c'est l'ÉTÉ... à 6:24 !

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  1. Charles-Marie LECONTE DE LISLE (1818-1894)


    Midi

    Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine,
    Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu.
    Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine ;
    La Terre est assoupie en sa robe de feu.

    L'étendue est immense, et les champs n'ont point d'ombre,
    Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ;
    La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
    Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.

    Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée,
    Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil ;
    Pacifiques enfants de la Terre sacrée,
    Ils épuisent sans peur la coupe du Soleil.

    Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante,
    Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux,
    Une ondulation majestueuse et lente
    S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux.

    Non loin, quelques boeufs blancs, couchés parmi les herbes,
    Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais,
    Et suivent de leurs yeux languissants et superbes
    Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais.

    Homme, si, le coeur plein de joie ou d'amertume,
    Tu passais vers midi dans les champs radieux,
    Fuis ! la Nature est vide et le Soleil consume :
    Rien n'est vivant ici, rien n'est triste ou joyeux.

    Mais si, désabusé des larmes et du rire,
    Altéré de l'oubli de ce monde agité,
    Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire,
    Goûter une suprême et morne volupté,

    Viens ! Le Soleil te parle en paroles sublimes ;
    Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ;
    Et retourne à pas lents vers les cités infimes,
    Le coeur trempé sept fois dans le Néant divin.

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  2. Deux poèmes de Théodore de Banville
    ___________________________________
    L’Été
    Théodore de Banville
    Il brille, le sauvage Été,
    La poitrine pleine de roses.
    Il brûle tout, hommes et choses,
    Dans sa placide cruauté.
    Il met le désir effronté
    Sur les jeunes lèvres décloses ;
    Il brille, le sauvage Été,
    La poitrine pleine de roses.
    Roi superbe, il plane irrité
    Dans des splendeurs d’apothéoses
    Sur les horizons grandioses ;
    Fauve dans la blanche clarté,
    Il brille, le sauvage Été.
    ___________________________________

    Chanson d'été
    Lesoleil brûlant
    Les fleurs qu'en allant
    Tu cueilles,
    Viens fuir son ardeur
    Sous la profondeur
    Des feuilles.
    Cherchons les sentiers
    A demi frayés
    Où flotte,
    Comme dans la mer,
    Un demi-jour vert
    De grotte.
    Des halliers touffus
    Un soupir confus
    S'éléve
    Si doux qu'on dirait
    Que c'est la forêt
    Qui rêve...
    Chante doucement ;
    Dans mon coeur d'amant
    J'adore
    Entendre ta voix
    Au calme du bois
    Sonore.
    L'oiseau, d'un élan,
    Courbe, en s'envolant,
    La branche
    Sous l'ombrage obscur
    La source au flot pur
    S'épanche.
    Viens t'asseoir au bord
    Où les boutons d'or
    Foisonnent...
    Le vent sur les eaux
    Heurte les roseaux
    Qui sonnent.
    Et demeure ainsi
    Toute au doux souci
    De plaire,
    Une rose aux dents,
    Et ton pied nu dans
    L'eau claire.

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